Changer de vie du jour au lendemain : une illusion ?
Je rencontre régulièrement des personnes qui souhaitent changer radicalement de vie.
Elles me disent : je veux changer de vie du jour au lendemain !
Elles ajoutent : Comme toi.
Alors, oui, j’ai bien fait une reconversion.
MAIS ça n’a pas été du jour au lendemain !
Comme la plupart des personnes ‘reconverties’, j’ai suivi une nouvelle formation.
Dans mon cas, je suis retournée à l’école pendant presque 2 ans.
Le temps ensuite de trouver un job dans ma nouvelle branche, je peux dire que ma reconversion a pris 2 ans.
Et encore, je ne parle ici que de la partie visible de l’iceberg.
Parce qu’en réalité, il a fallu du temps avant de me lancer et pour murir mon projet !
Bref, je n’ai pas changé de vie du jour au lendemain !
Et heureusement, parce que la reconversion, c’est quand même un choix très engageant… et ça ne convient pas à tout le monde.
A ceux qui me disent, je veux changer de vie du jour au lendemain, je leur demande : « sais-tu pourquoi ? ».
C’est là le nœud qui va te permettre de poser un constat puis d’aller vers une solution de changement qui te conviendra…. et qui ne sera peut-être pas aussi radicale qu’une reconversion !
Le risque de déplacer le problème
Je comprends la tentation/l’envie de changer de vie du jour au lendemain.
Parce qu’on a envie de mettre derrière soi très rapidement tout ce qui nous pèse dans un job.
Parce qu’on a envie d’être heureux tout de suite.
Parce qu’on a envie de faire au quotidien un métier avec un peu plus de sens.
Et aussi parce qu’on voit dans les médias, beaucoup de ‘reconvertis heureux’.
L’accent est souvent mis leur réussite actuelle, plutôt que sur leur parcours de reconversion (qui a pu être compliqué ou long).
Je le dis de façon cash : j’ai un peu ‘raté’ ma reconversion.
Je te disais que je me suis beaucoup interrogée avant de me lancer et de changer de voie.
En réalité, je me suis posée des questions sur le ‘comment’ : sur le marché, sur la manière de financer ma reconversion… autrement dit, sur les aspects pratiques.
MAIS je n’ai pas assez travaillé sur moi : pourquoi mon travail précédent de documentaliste d’entreprise me pesait…
C’est un métier qui disparaissait et d’après moi c’était suffisant, pour vouloir en changer.
Bien sûr, mon intuition n’était pas totalement fausse !
Mais si j’avais réfléchi plus avant, j’aurais creusé les raisons qui faisaient que ce travail me convenait plus.
Et aussi les motivations profondes que j’avais de vouloir changer d’environnement professionnel.
J’aurais alors peut-être vu que le métier de responsable de marketing digital, qui était mon objectif de reconversion (parce qu’il me semblait plein de débouchés et ‘logique’ car il collait avec certaines des compétences que j’avais déjà) portait en lui les graines d’une insatisfaction future !
Parce que ce nouveau métier m’a placée dans la même position que mes jobs précédents : à un niveau opérationnel, dans un environnement de service bourré de managers intermédiaires.
J’ai réalisé plus tard que c’était une partie des choses qui me pesaient fort parce que j’aspirais à plus d’autonomie.
J’ai donc, en faisant ma reconversion, déplacé mon problème.
Pour le retrouver dans mon nouveau métier !
Frustrant non, quand on sait l’énergie, l’argent et les espoirs que l’on peut investir dans une reconversion ?!
Comprends-tu pourquoi tu dois d’abord faire un constat sur ce qui ne te plaît pas dans ton travail et sur tes aspirations pour ne pas déplacer ton problème sur un autre métier ?
Faire un constat sur ton job actuel
Si tu ne sais pas pourquoi tu aspires tellement à changer de vie, tu risques simplement de déplacer tes problèmes dans un autre secteur;
Voire de ne pas aller au bout de ton nouveau projet pro.
La bonne démarche, pour moi, c’est de se poser.
AVANT toute action.
Parce qu’il est évident que changer de vie radicalement n’est pas la bonne solution pour tous.
D’abord : faire un constat sur ce qui ne te convient plus dans ton travail actuel.
Je sais que ça peut être plutôt difficile parce que ça implique de regarder au-delà des évidences.
Parfois, on est trop ‘la tête dans le guidon’ et on manque totalement de recul sur ce job qui nous bouffe la vie.
Dans mon cas, c’est quand j’ai rencontré une coach qui m’a fait travailler ce point que j’ai compris énormément de choses sur mon mal-être dans mes jobs précédents.
C’est une démarche que je conseille : te faire accompagner pour réfléchir à ta direction professionnelle.
Pendant le coaching, j’ai compris que je m’enfermais dans des environnements de travail similaires, où je n’étais pas à la bonne place étant donné mes valeurs et mes envies.
Un autre point essentiel, à mon sens, c’est de faire le point sur ce à quoi tu aspires.
AVANT de te lancer dans toute action de changement.
Comme moi à l’époque, beaucoup de personnes raisonnent en partant du marché, des débouchés, des formations disponibles dans son secteur, etc…
Creuser tes motivations
En 2017, j’étais formée au coaching depuis 1 an (c’est encore une autre histoire de formation !).
J’ai alors coaché Sabrina, qui pensait à un changement sous forme d’une reprise d’étude d’un an pour accéder à un poste de manager dans son entreprise.
Son entreprise lui serinait qu’elle en avait les capacités.
Elle était prête à lui financer un master en management à l’université du coin.
Finalement, au cours de notre coaching, Sabrina a réalisé que ce n’était absolument pas ce dont elle avait envie.
Elle ne s’était pas tellement posé la question avant face à cette opportunité de changement ‘offerte sur un plateau’.
Nous avons envisagé ensemble ses besoins, ses envies.
Nous avons discuté de plusieurs de ses options.
Quand nous avons travaillé ensemble, elle a formulé, pour le dire vite, qu’elle détestait la philosophie de management pratiquée par son entreprise.
Et elle avait un besoin prioritaire : voir davantage ses enfants le soir.
Son envie professionnelle, c’était plutôt de transmettre des éléments techniques de son métier, et non pas de manager une équipe.
En mettant les choses à plat et après 3 mois, Sabrina était prête à envisager d’autres pistes d’action.
Aujourd’hui, elle est professeur dans un IUT.
Elle a changé de perspective et de métier, sans avoir besoin de formation complémentaire.
Elle n’a pas fait de reconversion. Elle n’a pas changé de vie du jour au lendemain.
Elle a bâti un nouveau projet professionnel basé sur une meilleure connaissance à la fois de ce qui n’avait pas marché dans ses postes précédents et à la fois de ses buts, envies et besoins.
Au cours d’un processus de coaching, il n’est pas rare que tu réalises que tu n’as pas besoin de faire une reconversion mais que tu as besoin d’autres changements dans ton travail.
Par exemple, de t’affirmer davantage dans ta communication, de faire le même travail mais dans un secteur d’activité qui a plus de sens pour toi, ou encore que c’est ton manager actuel dont tu détestes les valeurs ou même que tu as besoin d’un job avec davantage d’autonomie.
Chaque situation est unique et complexe !
Il faut que tu explores la tienne pour ne pas investir inutilement dans une solution qui paraît presque ‘magique’ parce qu’elle a bonne presse actuellement !
Ta prise de décision sera plus juste si elle vient en faisant un constat juste.
Car il ne s’agit pas de se mettre en situation d’échec ou de s’épuiser dans une quête qui ne serait pas la bonne pour soi !
Si ces sujets t’interrogent, ne reste pas seule.
Même si finalement, tu ne vas pas vers un changement radical, tu trouveras la direction qui est la bonne pour toi, en te confrontant à toutes ces étapes et à toutes ces questions.
Le seul risque ? Que tu apprennes des choses étonnantes sur toi et que tu partes dans une direction que tu n’as pas anticipée au départ de l’aventure de coaching !